Mars 2013 – Notes spontanées de Bosnie-Herzégovine – Sarajevo
Avoir vingt-cinq ans et se promener dans Sarajevo est une expérience qui ne laisse pas indifférent. Il fait bon vivre à Sarajevo. Le quartier étudiant est animé, le monde et la politique intérieure se racontent dans les quelques cafés aux environs des universités ou autour d’un bon thé… les débats sont encore extrêmes, passionnés mais aussi passionnant.
Sarajevo s’est ouverte sur le monde. On y croise un tourisme nouveau et bien à part dont j’ai conscience de faire un peu partie. Jeunes routards en route vers l’Orient, étudiants curieux du pays et en quête de vacances bon marché, Erasmus souhaitant sortir des destinations trop faciles. Tourisme venu des pays musulmans (Iran, Arabie saoudite, Turquie, …).
Bien étrange Sarajevo dont le visage actuel renvoie tout de suite à son histoire. Un ancien empire mosaïque, des religions qui s’entremêlent, des conflits et débats qui redessinent sans cesse le territoire et ses habitants. J’ai tant étudié son histoire que j’ai bien du mal à me laisser simplement surprendre par l’air de la ville. Une envie me traverse de lui faire mes excuses car Sarajevo à tant à offrir.
Sur les collines de Sarajevo on entend un étrange concert mêlant les cloches chrétiennes, les carillons orthodoxes et les appels à la prière lancés depuis les mosquées. À ce moment, quand toutes les religions qui peuplent la ville fusionnent en une harmonieuse cacophonie, il est bien difficile d’imaginer les conflits qui déchirent encore le pays.
Qu’est-ce qui pousse de jeunes français de 25 ans à se rendre en Bosnie ? J’y suis partie un peu par hasard, décidée à me laisser surprendre et avide de mieux comprendre les Balkans…
Quelle image garder de Sarajevo ?
Un burek ou un ćevapi dégusté en bord de route ? L’étrange lumière, presque irréelle qui baigne la Place aux Pigeons ? Des échecs joués en pleine rue ? Une image de pays neuf et s’ouvrant au tourisme ? On voit apparaître un premier Mac Do, les même chaînes de la mondialisation… Est-ce pour prendre encore et toujours le même chemin uniforme ? N’y aurait-il pas un chemin particulier à prendre pour la Bosnie ? Quelque chose à prendre et apprendre de ce petit pays si mélangé qui mérite tant sa différence ? Ces questions sont pour beaucoup les miennes même si après quelques verres certains les évoquent déjà… Pour l’heure la Bosnie se réjouie simplement de s’ouvrir sur le monde…
À Sarajevo quand l’on croise quelqu’un de 25 ans on se demande si il a connu le siège. On est confronté à un étrange choc des réalités détestablement voyeur. Je n’aime pas mon regard dans ces moments là.
« On ne construit aucune paix sur les restes d’une guerre, le chemin est long et contradictoire… » Cette phrase je ne l’aurais pas écrite tant elle me semble un évidant cliché pacifiste mais ce sont les mots d’une des rencontre de la route. Ces idées existent à Sarajevo mais tant de gens en Bosnie ont le cœur encore plein de colère pour de si profondes raisons qu’on ne peut les en blâmer.
Une paix durable dans les Balkans ? Je n’ai ni la prétention ni l’envie de donner une part de réponse à cette question. Je ne viens pas d’ici, la réponse ne m’appartient pas, je ne suis pas celle qui va la construire. Je n’ai pas cet héritage, cette intimité avec les questions d’identité qui permettrait de trouver les bonnes réponses. Je suis simplement avide d’entendre les rêves des amis de passage. Mes rencontres voyageuses parlent, se confient autour d’un thé dans un anglais approximatif. Elles ont tant de colère mais aussi tant d’espoirs. Elles sont à l’image de l’âme vibrante et tumultueuse de Sarajevo que je garde en mémoire…